Création du monde par la grande déesse
À l’aube des temps, il fut demandé à la grande déesse qui crée le monde et vit en tant que monde, de s’incarner en tant que Sati (celle-qui-est) afin d’obtenir la paix et afin de célébrer le mariage sacré avec son éternel compagnon, Shiva. Car sans sa présence, Shiva ne peut pas agir dans le monde. Il est assis sur une montagne, perdu dans la méditation, dédaignant accomplir sa fonction cosmique. Cette situation crée des ravages dans le cosmos.
Alors, les grandes divinités Brahma, le Créateur, et Vishnu, celui qui assure la préservation du monde, s’approchèrent à genoux de la déesse et la supplièrent, pour le bien du monde, de prendre la forme d’une femme pour attirer Shiva hors de sa transe yogique. Daksha, une divinité née de l’esprit de Brahma sera son père.
La Déesse accepte, mais à une seule condition. Elle a vu que les hommes et les
dieux ont commencé à traiter les femmes comme des biens, et des créatures inférieures dans la hiérarchie cosmique.
“Si j’accepte de devenir ta fille,” dit-elle à Daksha, “tu dois promettre de m’honorer comme la Grande Déesse. Si tu ne le fais pas, je quitterai instantanément mon corps, car je saurai que le temps n’est pas encore venu pour moi d’agir pleinement dans le monde.”
Mariage de Shiva et Sati
Daksha accepte humblement, et Sati naît dans sa maison. A l’âge de seize ans,
elle épouse Shiva, le tirant de sa méditation par l’attrait de sa beauté irrésistible
et son pouvoir de créer la félicité. Shiva cependant refuse de changer son mode de vie juste parce qu’il a désormais une femme.
Ainsi, pendant des milliers d’années, Shiva et Sati font fait l’amour passionnément sous les arbres, le long des ruisseaux, dans les royaumes subtils au-delà des nuages, et dans les grottes secrètes des montagnes. Ils s’adorent avec une passion cosmique.
Daksha et Shiva
Puis les problèmes commencent. Quelques milliers de millénaires ont passé. Daksha
s’est frayé un chemin jusqu’à devenir la divinité principale. Dans ce processus, il a oublié la promesse qu’il avait faite à la Déesse et oublié la vraie nature de sa fille.
Il désapprouve le statut de rebel de Shiva et se sent personnellement menacé par son dédain évident pour les conventions.
Daksha planifie alors un immense rituel de feu cosmique, qui établira pour toujours les structures religieuses de l’univers. Il invite chaque dieu, titan, musicien céleste, divinités serpents, et nymphes de l’univers. Mais dans un accès de malice céleste,
Daksha n’envoie délibérément aucune invitation ni à sa fille ni à sa compagne.
Le destin de Sati
Sati apprend la nouvelle le jour du sacrifice. Elle est stupéfaite au-delà de toute mesure. Daksha a commis l’impensable. Non seulement il a gravement insulté sa bien-aimée Sarasvati, mais il a déshonoré la Mère du Monde, la puissance de la vie elle-même. Sati sait qu’elle ne peut pas rester dans un monde qui ne la reconnaît pas. Elle s’assoit alors en méditation, convoque son feu yogique intérieur, et envoie sa force vitale dans l’éther, laissant son corps derrière elle.
La colère de Shiva
Shiva devient fou quand il la trouve. Il se rend sur le lieu du rituel et détruit le sacrifice. Il prend alors le corps de Sati dans ses bras et commence à la transporter à travers les mondes. Partout où il transporte son corps, des tremblements de terre, des volcans, des raz-de-marée et des incendies de forêt éclatent.
La réponse des dieux
Alors les dieux font la seule chose qu’ils peuvent faire pour sauver l’univers. Ils envoient le grand vagabond, Saturne, pour couper le corps de Sati en morceaux. Lorsque les parties de son corps tombent sur Terre, elles deviennent physiquement des poches d’extase sacrée, des sanctuaires terrestres. Depuis des lustres, dans des grottes cachées et à côté des arbres, près des plans d’eau et au cœur des villages, les gens trouveront la déesse enchâssée dans le sol et la roche elle-même. Son corps est le sacrifice qui infuse le divin féminin dans la terre.
D’où vient cette histoire
Cette histoire telle qu’elle est raconté vient de la tradition Shakta, la branche de l’hindouisme qui vénère la Déesse comme la réalité ultime. Dans la version la plus traditionnelle Shiva est le personnage principal de l’histoire, et Sati est dépeinte comme une épouse indienne soumise qui se jette dans le feu du sacrifice parce que son mari a été insulté. (En fait, cette version a un côté sombre. Elle est devenue un modèle pour les veuves hindoues, souvent encouragées à s’immoler sur le bûcher funéraire de leur mari, comme l’a fait en imitation Sati). La version Shakta révèle un point de vue beaucoup plus intéressant de l’histoire.
En tant que grande Déesse elle-même, Sati a le pouvoir de choisir la vie ou de la quitter. Elle ne quitte pas son corps parce que son mari est insulté. Elle part parce que, Daksha son père n’a pas su honorer son pouvoir et son indépendance. Il
incarne l’incapacité du patriarcat à voir la divinité primitive du féminin. Elle
part parce qu’elle sait que si la dignité du féminin n’est pas reconnue, la véritable union du masculin et du féminin (Shiva-Shakti) n’est pas possible. Cette histoire est révélatrice, plus clairement que toute autre du moment où le patriarcat
a retiré le culte des déesses des rituels la poussant à se cacher dans les endroits secrets de la terre.
La déesse sait aussi que sa mort n’est pas vraiment une fin, car le moment venu elle pourra se réincarner et épouser à nouveau son compagnon. Cette fois, peut-être, le monde sera prêt pour elle.
18 Maha Shaktipeethas
Les indiens ont cherché à identifier les lieux où les différentes parties (Shakti-Peethas) de la déesse seraient tombés. Ces lieux sont des lieux importants de pélerinages. Il y en aurait 51 dont 18 sont considérés comme les plus importants (Maha Shakti-Peethas)
- Sri Kanchi Kamakshi Amman Temple, Kanchipuram, Tamil Nadu
- Sri Srunkhala Devi Temple, Pandua, West Bengal
- Sri Chamundeshwari Devi Temple, Chamundi Hill, Mysore, Karnataka
- Shri Jogulamba Temple, Alampur, Telangana
- Sri Bhramaramba Devi Temple, Srisailam, Andhra Pradesh
- Shree Mahalaxmi Temple, Kolhapur, Maharastra
- Mahurye Ekaveerika Temple/Renuka Devi Temple, Mahur, Maharastra
- Shri Gadhkalika Mata Temple / Mahakali Devi, Ujjain, Madhya Pradesh
- Puruhutika Devi Temple, Pithapuram, Andhra Pradesh
- Biraja Devi/Birija Kshetra, Jajpur, Odisha
- Draksharamam Manikyamba Devi Temple, Draksharamam, Andhra Pradesh
- Kamrup / Kamakhya Temple, Guwahati, Assam
- Madhaveswari Devi Temple, Prayag, Uttar Pradesh
- Jwalamukhi, Vaishnavi Devi / Vaishno Devi, Kangra, Himachal Pradesh
- Mangla Gauri Temple, Gaya, Bihar
- Vishalakshi Temple / Vishalakshi Gauri Temple, Varanasi, Uttar Pradesh
- Sharada Peeth, Saraswathi Devi, Kashmir
- Shri Shankari Devi Temple, Trincomalee, Sri Lanka
Carte des 51 Shakti-pithas

Liste des lieux et des parties de la déesse

Sources : Kalika Puranas, Sally Kempton “Awakening Shakti” Joseph Campbell et Heinrich Zimmer “The king and the corpse