Présentation de Sandy Hinzelin

Sandy Hinzelin est docteure en philosophie, chercheure associée au PHIER à l’université de Clermont Auvergne, et elle enseigne le yoga tibétain Kum Nyé. Elle a publié une thèse sur le bouddhisme et enseigné la philosophie orientale et occidentale à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Pour mener ses recherches, elle a effectué de nombreux séjours en Inde, au Népal et aux Etats-Unis. Elle a une approche qui vise à unir compréhension métaphysique, éthique et yoga.

Je l’ai rencontré grâce à mon amie Anaka à l’occasion de la sortie de son livre “Les 12 lois du Karma”. J’ai eu la chance d’être invitée à son inauguration.

Lors de nos échanges j’ai senti une connexion immédiate. Depuis j’adore échanger avec elle.

À l’heure où l’on met des bouddhas partout pour être “Zen”…Toi qui es spécialiste du bouddhisme tibétain, qu’est-ce que le bouddhisme exactement ?

Le bouddhisme propose une voie pour devenir un Bouddha. C’était l’objet de ma thèse de philosophie donc difficile de le résumer en quelques phrases !

Sans travail intérieur, la conscience est dans un état qualifié d’ordinaire. Elle est plongée dans l’ignorance, la dualité, et cet état mène inévitablement vers différentes souffrances. Le chemin consiste à reconnaître d’autres aspects de la conscience pour vivre dans l’harmonie. Quand la nature véritable des phénomènes est reconnue, nous sommes un Bouddha.

Est-ce que le bouddhisme est pour toi une philosophie ou une religion ?

En Inde il n’est pas question il me semble de séparer philosophie et religion. On parle de « darshana », qui signifie « vue ». Une certaine théorie est proposée, en d’autres termes une certaine vision de l’homme et du monde, et un chemin est ensuite proposé pour élever sa conscience.

Donc le bouddhisme est une philosophie, au sens où il propose une théorie cohérente et conceptuellement très élaborée. Et il est en quelque sorte aussi une religion dans le sens où une pratique est nécessaire, ritualisée ou non, et celle-ci emmène nécessairement dans les sphères de l’a-rationnel.

Il faudrait revérifier avec des spécialistes, mais a priori cette distinction entre philosophie et religion est arrivée assez tardivement dans notre histoire. Cela paraît peut-être évident de séparer les deux aujourd’hui, mais après réflexion, ce n’est pas aussi simple.

Et le bouddhisme tibétain ? On parle souvent des 5 tibétains, et aussi de cette proximité entre cette tradition et celle de certaines écoles non duelles tantriques

Je n’ai jamais trouvé dans les textes de description de ce que l’on appelle les 5 tibétains, je ne connais pas cette pratique.

Quand je lis certains textes du shivaïsme du Cachemire, je me sens dans le même univers que le bouddhisme tibétain. La forme est différente, c’est certain. Cependant, il y a de nombreux éléments qui montrent une proximité à la fois sur le plan historique, textuel, et pratique.

Peux-tu me parler du yoga que tu enseignes ?

J’étudie et enseigne un yoga tibétain qui s’appelle Kum Nyé, il a été transmis en Occident par Tarthang Tulku. C’est un yoga très simple (mais très profond !), où l’accent est mis sur le travail du ressenti.

Il existe plusieurs yogas tibétains. Le plus connu est les six yogas de Naropa, c’est le yoga que pratiquait le grand yogi Milarepa.

Comment pratiques-tu ? As-tu certaines routines ?

Je n’ai pas vraiment de routine, je pratique tous les jours principalement la méditation et des postures en fonction de mon état pour faire circuler l’énergie dans le corps et agrandir l’espace intérieur. C’est une voie de l’expérience qui se pratique à chaque instant.

Je reproduis ici une interview de Sandy avec les carnets du yoga en décembre 2020 :

Sandy comment vous êtes venue au bouddhisme, au yoga et plus particulièrement au yoga tibétain?

J’ai rencontré le bouddhisme aux îles Marquises en Polynésie Française, lors d’un tour du monde. La personne qui m’hébergeait avait dans sa bibliothèque un livre de Dilgo Khyentsé Rinpoché, Audace et Compassion. Je l’ai vécu comme une « reconnexion ». J’ai fait d’autres rencontres disons similaires dans les semaines et mois qui ont suivi, dans des endroits assez improbables (!), et un peu plus tard j’ai pris la décision de partir en Inde pour aller à la source. Je pensais au départ que ce serait juste une parenthèse dans ma vie, juste avant d’entrer dans la vie active puisque je venais de valider un master en économie du développement. Mais en fait très rapidement on m’a encouragé à faire un doctorat et c’est ce qui me semblait en effet le plus juste.

En parallèle de l’étude des textes, je pratiquais la méditation assise. À un moment donné je sentais que j’avais vraiment besoin d’une pratique corporelle, et si possible dans le même « esprit » que mon sujet de thèse. Quand j’ai entendu parler de Kum Nyé j’ai eu envie d’essayer. Après avoir fait une semaine de retraite avec cette pratique, mon corps a dit : « on continue ! ».

Qu’as-tu fait pendant la période du confinement ?

J’ai écrit et pratiqué.

Quelle est ton actualité, les projets sur lesquels tu travailles ?

Je viens de sortir un livre avec Anaka qui s’appelle les 12 lois du Karma, paru aux éditions Jouvence.

Je suis très heureuse car contrairement au premier livre, il s’adresse à un public beaucoup plus large. Ecrire un livre classé au rayon “développement personnel” n’était pas simple pour moi qui ai eu un parcours d’universitaire. J’ai dû sortir de ma zone de confort mais je suis contente du résultat !

La suite c’est un livre sur le moment présent. Le premier livre « Tous les êtres sont des Bouddhas » abordait l’état de Bouddha principalement du point de vue l’espace. Avec ce nouvel ouvrage, je l’aborde du point de vue du temps. Sinon j’ai deux contributions à des ouvrages collectifs en préparation.

Et si vous n’êtes pas loin de Montpellier, je propose des ateliers les dimanches après-midi, sinon il y a aussi plusieurs cours en ligne sur mon site.

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