Les 4 âges de la vie dans la tradition indienne

Introduction

La vie d’un Indien est trés différente de la vie d’un occidental. Alors, qu’en Occident, les frontières entre les différentes étapes de nos vies sont assez floues en Inde chaque moment est ritualisé. Ces rituels peuvent nous paraitre rigide mais ils ont un côté structurant et rassurant
Ainsi l’Indien accomplit son Dharma au sein de sa caste sans se soucier des effets du temps qui passe. 
Ce découpage en quatre étapes s’appelle âshramas en Sanskrit āśrama आश्रम (vient du verbe shram : s’exercer, faire un effort). Ce modèle est réservé aux membres masculins des trois premières classes sociales (varna). Les femme et la classe des serviteurs (shudrâ) en sont exclus.
Ce parcours plus ou moins respecté dans la pratique a pour but de conduire sur la voie de la libération. Chacune des étapes dure, en principe, une vingtaine d’années.
Découvrons donc ce quadrillage préétabli à l’intérieur duquel l’homme s’accomplira.

Quelles sont les 4 étapes de la vie en Inde?

  1. L’étudiant brahmanique (brahmacârin), phase de l’éducation générale et religieuse
  2. Le maître de maison (grihastha), la vie au foyer
  3. Le retraité dans la forêt (vanâprastha), phase de méditation, renoncement encore relatif
  4. Le renonçant (sannyâsin); détachement complet vis-à-vis du monde

1 L’étudiant brahmanique (brahmacârin)

Cette première période lie les premières années de la vie jusqu’à l’arrivée à l’age adulte. l’étape initial, est l’âge de l’enfance où la malléabilité de la personnalité et l’avidité du savoir doivent être utilisés au maximum pour préformer l’individu, l’amener à l’état de “récipient”, de forme vide où sera coulé le savoir transcendental du maître, où sera transféré le pouvoir magique de la connaissance du guru.

A partir de la cérémonie d’initiation, entre 12 et 14 ans, le jeune homme devient un étudiant à la recherche du brahman (ब्राह्मण brahma «absolu » et « cârya », « se mouvoir », c’est la quête du savoir). Avant cet âge, le jeune garçon est un serviteur et vit essentiellement avec les femmes et sa mère qui est son premier guru. Il mène ensuite une vie très austère sous la conduite d’un maître (guru) qui lui enseigne les textes védiques et les rituels. Il est astreint à une stricte chasteté. A notre époque cette période est remplacée par l’éducation scolaire.

2 Le maître de maison (grihastha), la vie au foyer

Son éducation achevée vers l’âge de 20 ans, le jeune homme doit se marier et engendrer. De cette phase réceptive, le jeune homme va passer sans transition au stade de redistribution de la sagesse emmagasinée. En présence de son épouse, il doit accomplir quotidiennement les rites domestiques. Il doit avoir au moins un fils qui continue la lignée et assure les rites funéraires de ses parents. Il a pleinement le droit, dans les limites de son dharma, de se consacrer au plaisir (khama), à la richesse et au pouvoir (artha).

3 Le retraité dans la forêt (vanâprastha)

Ce stade commence selon les “Lois de Manu”, quand l’homme a des rides, des cheveux gris et des petits fils. Il apporte hors de l’espace habité son feu rituel, afin de continuer à accomplir les rites domestiques quotidien.

Lorsque les fruits de ses efforts seraient bons à cueillir, après avoir distribué tous ses biens, il est censé se nourrir de fruits et de racines, pratiquer des exercices d’ascèse, méditer et étudier les textes sacrés. Sa femme peut l’accompagner dans la forêt (vana signifie « forêt », prashta « qui est établi »). De nos jours ce retrait dans la forêt peut consister simplement à résider encore dans la maison familiale, un peu à l’écart du reste de la famille, ou à déménager hors des villes.

Ashrama, au singulier désigne aussi l’espace de l’ermite de cette troisième étape. C’est un lieu où l’on mène une vie simple et pieuse. C’est l’originie de l’Ashram, lieu de recherche spirituelle autour d’un guru, qui existe toujours en Inde.

4 Le renonçant (sannyâsin)

L’homme devient un errant anonyme, en quête uniquement de la seule délivrance et non plus seulement d’une bonne renaissance. (Sannyasin vient de samnyâs « déposer »)

Il entre dans ce stade après une dernière cérémonie dans laquelle il “résorbe” son feu sacrificiel, sorte d’auto crémation symbolique : Il devient lui-même le sacrifiant et l’offrande. D’ailleurs, après sa mort; le renonçant n’est pas brûlé, mais inhumé, car il est censé avoir déjà brulé ses impuretés dans son feu intérieur.

Il y a une rupture entre ce stade et les précédents, car le renonçant se trouve à l’écart du système rituel; il abandonne sa caste, sa famille, ses rites quotidiens.

Ce stade est souvent considéré comme théorique dans la mesure où il impose une vie difficile d’ascèse et d’errance à des vieillards. il ne fait pas partie obligatoirement du cursus et ne concerne qu’une partie infime des croyants.

Actuellement à la place des deux derniers stades, on observe plutôt un retrait progessif des affaires du monde et une concentration sur les activites spirituelles. Il est celui “qui ne conserve aucune pensée de l’avenir et regarde avec indifférence le présent”.

“Chacun, quand il est à sa place, est noble, mais le devoir de l’un n’est pas le devoir de l’autre” Yoga- Sûtras.

Sources : Revue Française de Yoga, Colette Poggi : Yoga sources et variations, Alexandre Astier : L’hindouisme